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Archives de la catégorie ‘Myopie progressive’

Une nouvelle étude scientifique confirme le contrôle de la myopie et la correction de l’astigmatisme par l’orthokératologie

La Faculté des sciences sociales et de la santé à l’Université Polytechnique de Hong Kong a annoncé les résultats de deux études sur l’orthokératologie. La première, appelé étude «ROMIO » (ou Retardation of Myopia in Orthokeratology) est une recherche portant sur l’efficacité de l’orthokératologie pour le contrôle de la myopie. L’autre, appelée l’étude «To SEE» (ou Toric Orthokeratology-Slowing Eyeball Elongation)  a examiné l’efficacité de l’orthokératologie pour la correction de l’astigmatisme.

Brève description de l’orthokératologie 

Les patients qui souhaitent recevoir un traitement d’orthokératologie doivent subir un examen oculovisuel complet et des mesures spécifiques de la forme de leurs yeux pour voir s’ils sont aptes à recevoir le traitement. À l’aide d’un logiciel informatique, l’optométriste est en mesure de concevoir des lentilles de contact spéciales et adaptées à la forme des yeux de chaque candidat.  Ces lentilles de contact rigides perméables au gaz sont fabriquées à partir de matériaux à haute teneur en oxygène, ce qui permet de les porter pendant le sommeil. L’objectif est de remodeler la cornée afin d’obtenir une vision parfaite le lendemain sans avoir besoin de porter des lunettes ou des lentilles de contact.

L’orthokératologie est le seul traitement non chirurgical qui permet de ne pas porter de verres correcteurs, lunettes ou lentilles de contact de jour. Par contre, le traitement doit être continu.

La progression de la myopie

La progression de la myopie chez tout individu est un problème sérieux. Non seulement elle cause une diminution progressive de la vision non-corrigée, mais elle fait en sorte que l’individu a besoin de verres de plus en plus épais et plus chers. De plus, une myopie importante augmente le risque de déchirures de la rétine.

Après 24 mois de recherche, l’étude ROMIO a constaté que l’augmentation de la longueur du globe oculaire (également appelée «longueur axiale» — la progression de la myopie étant mesurée en observant l’allongement du globe oculaire) chez un groupe de sujets qui ont été traités avec l’orthokératologie était de 0,36 mm. Dans le groupe qui n’a pas été traité avec orthokératologie et qui portait des lunettes, la longueur du globe oculaire avait augmenté de 0,63 mm. Les résultats indiquent que l’orthokératologie ralentit la progression de la myopie de 43 %.

Astigmatisme

Des chercheurs de la même université ont également conclu l’étude «TO-SEE» (Toric Orthokeratology-Slowing Eyeball Elongation) qui portait sur 37 enfants âgés de 6 à 12 ans pour étudier le potentiel de l’orthokératologie pour la diminution de l’astigmatisme. L’équipe a constaté que les lentilles orthokératologiques astigmates pouvaient réduire efficacement l’astigmatisme de 79 % après un mois de port. Au bout de 24 mois, la longueur du globe oculaire des participants était de 0,31 mm, ce qui indique que la myopie a également été contrôlée.

L’orthokératologie est un traitement réversible et peut être arrêté à tout moment. Les résultats de ces deux études montrent que l’orthokératologie est une solution sûre et efficace pour le contrôle et la diminution de l’astigmatisme myopique.

Diagnostic du TDA/H: étude

Le TDAH est surdiagnostiqué, affirment des experts

Source: ScienceDaily, 2012

Ce que les experts et le public ont déjà suspectés depuis longtemps, est maintenant soutenu par des données représentatives rassemblées par des chercheurs au Ruhr-Universität Bochum (RUB) et de l’université de Bâle: le TDAH ou trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité est surdiagnostiqué. L’étude a montré que les psychologues et les pédopsychiatres tendent à poser ce diagnostic de façon empirique, avec peu de principes de base clairs, plutôt que d’adhérer aux critères diagnostiques normalement identifiés. Les garçons en particulier sont essentiellement plus souvent mal diagnostiqués comparés aux filles.

Ce sont les importants résultats d’une étude entreprise par le prof. Dr. Silvia Schneider et le prof. Dr. Jürgen Margraf (RUB) et le Dr Katrin Bruchmüller (université de Bâle) et publiée dans la revue Journal of Consulting and Clinical Psychology.

Léon a un TDAH mais pas Léa

Les chercheurs ont questionné 1 000 enfants, des psychologues et des pédopsychiatres à travers l’Allemagne. Quatre cent soixante treize professionnels ont participé à l’étude.  Ils ont reçu un des quatre cas cliniques par écrit, et ont été invités à donner des diagnostics et une recommandation pour le traitement. Dans trois cas sur quatre, les symptômes et les circonstances décrits ne remplissaient pas les critères du TDAH. Seulement un des cas contenait les critères du TDAH basé strictement sur des critères diagnostiques valides. En outre, le sexe de l’enfant pouvait différer ayant pour résultat huit cas différents. Ceci a eu comme résultat qu’en comparant deux cas identiques mais de sexe différent, la différence était claire: Léon a un TDAH, mais pas Léa…

Le «prototype» fait la différence

Beaucoup de psychologues et de pédopsychiatres semblent procéder de façon heuristique et baser leurs décisions sur des symptômes prototypiques (idées préconçues). Le prototype est un garçon, qui montre des symptômes tels que l’agitation motrice, un manque de concentration et l’impulsivité. En liaison avec le genre du patient, ces symptômes mènent à différents diagnostics.  Un garçon avec de tels symptômes, même s’il ne remplit pas l’ensemble complet des critères diagnostiques, recevra un diagnostic de TDAH, tandis qu’une fille n’aura pas nécessairement le même diagnostic. Également, le genre de thérapeute joue un rôle dans le diagnostic: les thérapeutes masculins donnent essentiellement plus fréquemment un diagnostic de TDAH que leurs collègues féminines.

Augmentation en nombre du diagnostic, plus de médicaments, doses plus fortes

Depuis près de 20 ans, les diagnostics de TDAH sont devenus presque inflationnistes. Entre 1989 et 2001, le nombre de diagnostics de TDAH dans les cliniques allemands s’est accru 381 pour cent. Les coûts pour les médicaments, par exemple, le stimulant méthylphénidate (Ritalin), se sont accrus de 9 fois entre 1993 et 2003. La compagnie allemande d’assurance maladie, Techniker, rapports une augmentation de 30 pour cent des prescriptions de méthylphénidate pour les patients entre les âges de 6 et de 18 ans. De même, le dosage quotidien a augmenté de 10 pour cent en moyenne.

Absence remarquable de recherches

À l’analyse de ces statistiques, il y a un manque remarquable de recherche dans le diagnostic du TDA/H. «Malgré le vif intérêt du public, seulement très peu d’études empiriques ont abordé cette question,» précisent les prof. Schneider et le Dr. Bruchmüller. Tandis que dans les années ’70 et ’80 nous avons assisté à une «certaine prolifération» d’études sur la fréquence et les diagnostics, la recherche plus récente examine à peine ces phénomènes. Cette présente étude prouve qu’afin d’éviter un diagnostic erroné de TDAH et un traitement prématuré, il est crucial que les thérapeutes ne procèdent pas de façon intuitive, mais doivent respecter rigoureusement les critères diagnostiques définis et établis. Ceci est possible à l’aide d’instruments diagnostiques normalisés, tels que des entrevues diagnostiques bien menées.

Posture et Vision (2)

Surface de travail avec un angle de 20 degrés

Surface de travail idéale (http://www.visualedgesb.com/)

De nombreuses années après les études de Harmon, les Dr Pierce et Greenspan ont également étudié la relation entre la posture et la vision. Une fois de plus, ils ont montré qu’il existe une relation de travail entre la posture, la distance de travail et la surface de travail. Leur recherche a prouvé qu’il y a une meilleure performance d’apprentissage lorsque les conditions appropriées sont établies pour les activités visuelles telles que la lecture et l’écriture.

Leurs études montrent que lorsque le travail de près se fait sur une surface de travail inclinée, avec un angle entre 20 et 23 degrés, à la distance de Harmon, l’enfant montre une fréquence cardiaque réduite, une diminution des tensions du cou, des muscles et de l’ensemble du corps ainsi qu’un mode de respiration plus régulier et plus profond. Une surface inclinée oblige le corps à s’asseoir dans une posture plus droite.

  • Dr. John Pierce Rev Optometry 1977; 114:48-63
  • Dr. Steven Greenspan; Optometry Weekly 1971; 62(33): 754-757, Optometry Weekly 1971; 62(34): 776-780

Source: http://www.visualedgesb.com/

Les concepteurs de classes scolaires et les enseignants il y a un siècle avaient compris l’importance de l’ergonomie dans la classe et l’utilisation de bureaux inclinés dans un environnement d’apprentissage. Il est incroyable de voir comment quelque chose de si simple dans son concept puisse être si efficace dans son application et avoir d’énormes avantages. On peut se poser la question: pourquoi les pupitres inclinés ont-ils été enlevés des classes ? La réponse est simple: c’était sûrement plus rentable. Depuis que les bureaux plats ont été introduits à la salle de classe, les résultats en lecture ont considérablement diminué. Les écoles européennes sont désormais en train de réintroduire les bureaux inclinés dans leurs salles de classe et nous devrions également repenser l’ergonomie de l’apprentissage.

Enfin, Sampredro et coll. ont observé les caractéristiques de la distance réflexe de lecture (DRL) chez 351 enfants en deux étapes, d’abord à la lecture puis à l’écriture, en comparant la DRL avec la distance de Harmon de chacun dans les mêmes conditions environnementales. Les résultats montrent que  72, 08 % de la population analysée (65 % en lecture et 53 % à l’écriture avaient une DRL normale. 50, 96% des personnes qui avaient une DRL trop courte étaient myopes, 38, 46 % emmétropes  et 10,58 % hypermétropes. Conclusions: Plus la DRL est courte, plus  l’effort mental nécessaire est important en vision de près, plus la situation crée de stress visuel. Donc chez ces étudiants, un tiers d’entre eux se tenaient trop près de leur plan de travail et la DRL était plus courte en écriture qu’en lecture. Plus d’individus myopes avaient tendance à lire trop près.

  • Gené Sampedro, Andrés; Montalt, Juan C.; Alemany, Antonio L. Estudio del reflejo visuopostural. Gaceta Óptica, 1997 JUL-AGO; (307)

Posture et Vision (1)

Tout programme de contrôle de la myopie ne serait être complet sans aborder les concepts importants de la posture et les conseils d’hygiène visuelle.

Il est amplement prouvé que les conditions qui conduisent à des tensions musculaires et le stress excessif  qu’on impose sur le système visuel, sur une période de temps, vont conduire à des problèmes visuels tels que la myopie, et occasionneront d’autres problèmes de la focalisation et la coordination binoculaire (entre les deux yeux ou problèmes d’alignement). Il est notoire que le travail de près prolongé (lecture, écriture dessin, jeux vidéo, ordinateur), va provoquer une augmentation des problèmes visuels tels que la myopie.

Bien que nous ne puissions pas éliminer les tâches qui doivent être faites, et qui peuvent même être une source de loisirs, elles peuvent être effectuées d’une manière qui impose un minimum de stress sur le système visuel.

Si elles sont suivies, ces suggestions peuvent donner lieu à un travail ou loisir plus aisé et plus productif et aura comme conséquence de prévenir ou de retarder le développement de problèmes visuels.

La distance de travail

Pour lire, écrire, et d’autres tâches de vision de près, il est important de lire ou d’écrire à une distance adéquate.

Lorsque la distance de travail est trop courte, tant chez les enfants que chez les adultes, on crée un effort supplémentaire important sur le système de focalisation et d’alignement des yeux (convergence) Ce stress supplémentaire peut conduire à un une fatigue visuelle et un stress qui augmentera les symptômes.

La distance à laquelle on lit spontanément est appelée la distance réflexe de lecture (DRL). Celle-ci doit toujours être comparée à la distance de Harmon.

La distance de Harmon

Dans les années cinquante, D.B. Harmon, un éducateur et un kinésiologue, a montré que la distance idéale de lecture pour chaque individu était la distance entre le centre de l’articulation médiane jusqu’au centre du coude mesurée à l’extérieur du bras. Travailler à la distance Harmon réduit le stress visuel de près. Harmon considérait que les facteurs environnementaux étaient liés au développement des problèmes visuels et avait une excellente compréhension des relations entre le mouvement, la posture et la vision.

Comment se mesure la distance de Harmon

Harmon a effectué des études de posture et de vision sur un nombre phénoménal d’enfants (plus de 160 000!) dans les années quarante et cinquante. Voici ses principales conclusions :

  • En 1958, il a démontré que 30,2 % des écoliers testés présentent des problèmes de posture qui pourraient être liés à la vision.
  • Il avait aussi constaté une augmentation de la prévalence des problèmes visuels avec l’âge, chez les enfants de l ‘école primaire, allant de 20 % à l’entrée en primaire à 80 % après cinq ans d’école. Ses investigations dans l’environnement scolaire le menèrent à penser que certains problèmes visuels apparaissaient quand les sujets étaient soumis à un travail en vision de près dans de mauvaises postures, afin de maintenir une fonction visuelle efficace. (1958)
  • Une mauvaise posture ne provoque pas seulement des problèmes visuels. Un déséquilibre postural nécessite une dépense d’énergie plus importante, ce qui diminue l’efficacité du sujet pour accomplir sa tâche. Ainsi l’enfant disposera d’une moins grande quantité d’énergie pour l’apprentissage scolaire. (1951, 1958)
  • Harmon a constaté que les surfaces horizontales ont tendance à obliger l’étudiant à se pencher et à se rapprocher de son plan de travail. Il est donc préférable d’utiliser des plans de travail inclinés à 10° ou même mieux à 20°.
  • Pourquoi 20 degrés ? Harmon démontre que c’est l’angle physiologique que tout le monde adopte entre le plan horizontal passant par les coudes et les avants bras lors de la lecture, dans une ambiance extérieure sans contrainte. Cette position s’accompagne du plan facial parallèle au plan des avants bras.
  • La posture courbée vers l’avant induit des tensions cervicales, rend la digestion plus pénible et gène la respiration nécessaire au bon fonctionnement du métabolisme général.

Lors de ses études, Harmon a soulevé la surface de travail des enfants à un angle de 20 degrés, ce qui portait la surface plus parallèle au visage. Cela a considérablement réduit la compression des disques intervertébraux. Voir l’image suivante qui montre une posture de travail idéale avec une surface penchée de 20 degrés.

Posture de travail idéale

http://www.visualedgesb.com/

Après six mois, dans les classes avec le mobilier qui comprenait une surface de travail de 20 degrés, seulement 18,6 % des enfants examinés montrait des difficultés visuelles, par rapport à 53,3 % examinés six mois auparavant. Il y avait aussi une réduction significative des problèmes de posture (diminution de 25 %) et de fatigue visuelle chronique (diminution de 55 %).

Il est malheureux que ces études et ses conclusions aient été reléguées aux oubliettes. De nombreux problèmes de posture et de vision pourraient être ainsi évités si on appliquait dans nos écoles de simples modifications…

Références:

Harmon DB. Notes on a Dynamic Theory of Vision, 3rd Revision. Austin TX, Self Published, 1958.

Harmon DB., Some preliminary observations of the developmental problems of 160,000 elementary school children. Med Woman’s J 1942:49:75-82.

Myopie (3)

On a dit précédemment que le fait de corriger la myopie sans tenir compte de la vision de près (voir l’image qui suit) fait en sorte qu’en lisant, on utilisera une puissance correctrice inadéquate (trop myope) si l’enfant lit avec ses lunettes. Le système visuel étant un système très adaptable, une myopie supplémentaire sera créée d’abord de près, puis elle se transportera en vision de loin. Si on augmente simplement la correction des verres, un cercle vicieux s’installe et la myopie progressera avec le temps…  Cela vaut aussi pour certains adultes dont la myopie progresse.

Par contre, si nous respectons l’équilibre entre la vision de loin et celle de près, la focalisation se fera avec beaucoup moins d’efforts et il y aura moins de chances de progression de la myopie. Malheureusement, cette option n’empêchera pas certains enfants dans leur progression de la myopie.

Lorsque des verres bifocaux sont nécessaires, ils peuvent incorporer soit un petit foyer rond visible ou un verre spécial à deux zones qui rend toute transition entre la vision de loin et de près invisible. L’aspect esthétique n’est plus un obstacle à une correction adéquate pour les enfants.

Lunettes pour enfants avec petits foyers ronds

Verres bifocaux à deux zones.  La transition entre les deux visions est invisible

Je n’aime pas vraiment utiliser un verre progressif dans le cas des jeunes myopes. Alors que les verres à deux zones peuvent être ajustés pour ne pas permettre la lecture avec la zone supérieure, on ne sait jamais quelle portion du verre progressif sera utilisée pour la lecture. Si l’enfant penche un tant soit peu la tête, il n’utilise plus la portion de lecture essentielle au bon contrôle de la myopie. Le couloir restreint en vision de près va obliger l’enfant à bouger la tête et non les yeux. Plus on obstrue la vision périphérique, moins on rend service au jeune myope.

                                   Verre progressif avec zone de lecture plus étroite

Voir : http://www.myopiaprevention.org/references_environment.html

Le port des lentilles de contact

Les lentilles de contact régulières ne corrigent que la vision de loin comme les lunettes qui ne contiennent que la puissance de myopie, à moins qu’elles ne soient multifocales. Porter les lentilles régulières représente la même situation que de porter des lunettes pour la vision de loin seulement: si on les utilise pour la lecture, l’écriture et l’ordinateur de façon prolongée, on risque de voir la myopie progresser plus rapidement. La plupart des jeunes myopes voudront, un jour ou l’autre, porter des lentilles de contact soit pour les sports ou tout simplement pour se débarrasser du port de leurs lunettes…

Les lentilles de contact régulières ne corrigent que la vision de loin comme les lunettes qui ne contiennent que la puissance de myopie, à moins qu’elles ne soient multifocales. Porter les  lentilles régulières représente la même situation que de porter des lunettes pour la vision de loin seulement: si on les utilise pour la lecture, l’écriture et l’ordinateur de façon prolongée, on risque de voir la myopie progresser plus rapidement.

Donc, le port des lentilles de contact régulières devrait se limiter aux sorties et aux sports. Comme il y a beaucoup d’activités de lecture et d’écriture à l’école, le port des lentilles de contact n’est généralement pas recommandé.

Certaines études ont démontré qu’il y a une progression plus rapide avec les lentilles de contact corrigeant seulement la vision de loin que les lunettes pour aussi voir de loin.

Les résultats retrouvés dans cette étude montrent une nette tendance vers un plus grand déficit de focalisation et un stress plus grand sur la convergence (alignement) avec l’utilisation de lentilles de contact par rapport aux lunettes. Cette tendance à la baisse crée un décalage ou un retard dans la focalisation afin de réduire la surconvergence associée. Ce décalage trouvé dans cette étude avec les lentilles de contact qui ne corrigent que la myopie indique que l’utilisation prolongée de ces lentilles dans les tâches de près peut provoquer une défocalisation rétinienne hypermétropique continue, un facteur de risque pour l’apparition et la progression de la myopie, donnée retrouvée dans de nombreuses études.

  •  Jiménez R, Martínez-Almeida L, Salas C, Ortíz C. Contact lenses vs spectacles in myopes: is there any difference in accommodative and binocular function? Graefes Arch Clin Exp Ophthalmol. 2011 Jun;249(6):925-35.

Des alternatives?

Avant la mise en marché des lentilles de contact multifocales (qui contiennent à la fois une correction pour la vision et loin et celle de près), un jeune myope qui voulait porter des lentilles de contact devait souvent porter aussi des verres de lecture (lunettes) pour la vision de près ou les retirer afin de contrer l’effet de la puissance myopique de ses lentilles de contact.

Aujourd’hui, il existe des lentilles de contact multifocales spécialement adaptées pour les jeunes myopes. En voici un exemple:

Lentilles de contact pour les jeunes myopes: la vision de loin se situe au centre de la lentille et la vision de lecture se situe en périphérie. Exemple d’une lentille de contact Proclear EP (de la compagnie Cooper Vision). Il en existe maintenant plusieurs autres designs. 

Ces lentilles de contact bifocales sont portées pendant la journée et retirées le soir. Ils donnent une vision claire de loin et de près. En général, elles sont portées tous les jours bien que parfois un jour sans lentilles ne nuira pas au traitement. Les lentilles sont portées aussi longtemps que la progression de la myopie est considérée comme un risque. On a montré que les lentilles de contact bifocales ralentissent la progression de la myopie. Une des raisons est qu’elles réduisent l’effort de lecture, mais aussi elles créent un anneau de puissance accrue en périphérie entourant la vision centrale que l’œil interprète comme un «signal d’arrêt» pour poursuivre sa croissance et donc devenir plus myope.

Nouvelles études concernant les lentilles multifocales

Les études publiées concernant les lentilles de contact bifocales utilisées pour le contrôle la myopie ne sont pas nombreuses, mais Aller et Wildsoet ont montré une réduction de 87 % dans la progression de la myopie pour la première année. Le Dr John Phillips de l’Université d’Auckland, Nouvelle-Zélande a décrit une lentille souple à double foyer avec une zone de correction centrale pour la vision de loin et des zones de traitement concentriques (alternance vision de près et de loin).  L’objectif de réduire la progression de myopie de 37 pour cent de plus de 20 mois chez les enfants âgés de 11-14 ans par rapport à une lentille de contact standard. La moitié de ceux qui portent la lentille avait ralenti leur progression la myopie de 50 pour cent ou plus, mais l’effet pourrait être jusqu’à 80 pour cent à l’avenir si elle est combinée avec des médicaments.

  • Anstice NS, Phillips JR. Effect of dual-focus soft contact lens wear on axial myopia progression in children. Ophthalmology. 2011 Jun;118(6):1152-61.

Voir aussi: http://en.wikipedia.org/wiki/Orthokeratology

Un autre exemple de lentilles bifocales mais avec des zones alternantes en vision de loin et en vision de près. Lentilles Insight® (Cooper Vision)

Le professeur Earl Smith de l’Université de Houston a déclaré que les lentilles de contrôle myopie devait être prescrites à un stade précoce et à de très jeunes enfants.

Dans un avenir très proche, nous allons utiliser des lentilles de contact pour guider la croissance des yeux», dit-il. «Le principe pourrait être appliqué à toutes les corrections et pourrait également travailler pour les yeux hypermétropes.

  • Earl Smith, III OD, PhD (Optometry & Vision Science September 2011 – Volume 88 – Issue 9 – pp 1029-1044

Chacune de ces études est d’un an. Autres méthodes de lentilles de contact non-ont été trouvés à avoir moins d’effet après la première année et il reste à voir si l’effet de lentille de contact est pluriannuel.

Cette étude a modifié notre façon de penser en ce qui concerne le développement de la myopie et les traitements efficaces pour réduire la progression. Grâce à ses recherches, le Dr Smith a conclu que de défocalisation périphérique (voir blogue antérieur) déclenche la croissance de l’œil vers la myopie. Les signaux de cette croissance sont dans la rétine périphérique. Cette élongation axiale de l’œil augmente la myopie et favorise la progression la myopie.

Pour d’autres informations ou des références sur les lentilles bifocales et la myopie:

http://www.myopiaprevention.org/bifocal_contacts.html

http://www.myopiaprevention.org/references_contact_lenses.html

Orthokératologie

L‘ortho-K (abréviation du terme orthokératologie) est un processus de remodelage de la surface avant de l’œil (en fait, la cornée) qui se fait tout en douceur pour donner une vision nette et confortable. En effet, le tissu cornéen est très malléable et par une légère pression due à la lentille de contact, on peut modifier la courbure centrale de la cornée. Il s’agit d’une procédure non-chirurgicale qui utilise des lentilles de contact personnalisées et spécialement conçues pour modifier la courbure de la cornée centrale. Elles sont portées uniquement pendant la nuit et enlevées lorsque la personne s’éveille.

Le résultat est une vision claire toute la journée sans le port de lentilles pendant la journée et sans lunettes. Les lentilles sont remises dans les yeux chaque soir puisque la procédure n’est pas permanente (comme le traitement au laser), ce qui rend ce traitement plus sûr pour les enfants. Lorsque les lentilles sont retirées de l’œil pendant quelques semaines, la courbure de la cornée revient lentement à sa forme initiale et la myopie revient aussi, après plusieurs jours ou semaines, à sa condition initiale.

Il existe de nombreux designs de lentilles orthokératologiques mais elles sont pour la plupart équivalentes et ont toutes comme but de réduire la myopie durant la nuit en modifiant la courbure centrale de la cornée. L’orthokératologie est une excellente méthode pour ralentir la progression de myopie (voir www.myopiaprevention.org).

Les enfants sont d’excellents candidats pour orthokératologie parce qu’ils sont motivés, apprennent rapidement comment prendre soin de leurs lentilles et répondent rapidement au traitement. Le traitement est également très bien pour les enfants qui participent à des activités sportives, parce qu’ils n’ont pas à s’inquiéter de perdre leurs lentilles de contact pendant qu’ils sont actifs.

Ce traitement est une alternative sûre au traitement par laser ou d’autres interventions de chirurgie réfractive qui ne sont pas encore disponibles pour les enfants.

Source : http://www.orthokdoctors.com/what_is_orthokeratology.html

Lentille orthokératologique posée sur l’oeil (avec colorant ajouté) 

 Voir aussi: http://fr.wikipedia.org/wiki/Orthokératologie

Myopie (2)

Ce qu’il est important de comprendre

Même si la myopie signifie une diminution de l’acuité visuelle en vision de loin, on sait que l’origine du problème est l’utilisation des yeux en vision de près. Et c’est souvent en vision de près qu’il faut résoudre le problème.

 Que peut-on faire? Comment tenter d’éviter la myopie?

 Expliquons un peu plus cette notion importante:

 On considère que la réfraction est «normale» chez un enfant s’il montre une légère hypermétropie qui protège contre l’apparition de la myopie. Cette hypermétropie agit comme un «tampon» ou un «amortisseur» contre la myopie. Avec les années, on pourra noter à l’examen visuel que l’hypermétropie diminue vers l’emmétropie (plus aucune hypermétropie de protection). Quand l’enfant est emmétrope, il n’y a qu’un pas pour que la myopie apparaisse. Et ce pas est vite franchi.

Le schéma suivant en explique le cheminement:

La pré-myopie

Si l’hypermétropie (facteur de protection) tend à diminuer, il faut parfois penser à corriger la vision de près avant que n’apparaisse la myopie.

Cela se fait le plus souvent avec des lentilles bifocales (visibles ou non) afin que l’enfant puisse voir à la fois de loin et de près ou de simples lunettes de lecture. En effet, ces lentilles permettent un bon équilibre entre la vision de loin et celle de près: en vision de près, l’alignement des yeux et la focalisation s’améliorent.

Quand la myopie s’installe

Même lorsque la myopie est peu importante, elle peut affecter l’acuité visuelle au loin de façon significative.

Un examen visuel complet nous permettra d’évaluer si on doit corriger la vision de près et si l’on doit corriger une portion ou la totalité de la myopie.

Une option, que malheureusement nous voyons trop souvent, est la simple correction de la myopie, sans se préoccuper de la vision de près. Cette option est celle qui peut causer le plus de tort. En effet (voir la figure qui suit), si on corrige simplement la myopie dans les verres, l’enfant verra plus clair au loin mais lira de près à travers une puissance qui sera inadéquate (trop forte) et détrimentaire pour la lecture. Ces verres vont cause un effort supplémentaire sur l’alignement des yeux et la focalisation et forcera une distance de lecture plus rapprochée.

Dès lors, la myopie aura tendance à augmenter sans cesse. Il arrive même que certains enfants voient leur myopie doubler de valeur à chaque année!

Défocalisation périphérique

Lorsque que nous sommes jeune enfant, l’œil comme le reste de notre corps, montre une croissance, et toutes les parties de l’œil y participent et ainsi, au niveau de la rétine, l’œil devrait toujours recevoir  une image claire. Cette croissance s’appelle l’emmétropisation et devrait s’arrêter vers l’âge de 6 ans. Ce processus tente d’éliminer toute myopie ou hypermétropie trop importante chez l’enfant.

Il semblerait que chez certains enfants, cette emmétropisation ne s’arrête pas. Il y aurait une défocalisation (embrouillement) dite hypermétropique dans la région de la rétine périphérique; cette partie de la rétine envoie un message chimique (via des modulateurs) qui aura pour but de rétablir la focalisation par une modification de la puissance réfractive ou de la dimension des diverses parties de l’œil… ce qui entraîne une myopisation. Le problème viendrait du fait que la mise à foyer de la rétine centrale et de la rétine en périphérie n’est pas simultanée.

C’est le même processus qui est enclenché quand on corrige la myopie sans tenir compte de la vision de près (image du centre). L’acuité visuelle est rétablie mais la défocalisation périphérique persiste lorsque l’enfant travaille en vision de près. D’où l’augmentation possible de la myopie avec le temps. Une correction qui tient compte à la fois de la vision de loin et la vision de près (image de droite) est beaucoup plus adéquate.

Des études montrent que la prescription de verres simple vision (pour la vision de loin seulement) qui sont utilisés lors de la lecture constitue l’option qui cause le plus d’augmentation de la myopie. Par exemple :

«Divers chercheurs ont suggéré que la défocalisation hypermétropique périphérique peut jouer un rôle dans le développement et la progression de la myopie. Nous avons montré que les verres simple vision utilisés pour corriger la myopie peuvent causer une augmentation de la défocalisation hypermétropique à la rétine périphérique dans les yeux des enfants chinois. L’ampleur de cette augmentation tend à s’accentuer lorsque la myopie est plus avancée, en particulier dans les cas où on trouve des niveaux modérés de la myopie».

  • Lin Z, Martinez A, Chen X, Li L, Sankaridurg P, Holden BA,  , Ge J. Peripheral defocus with single-vision spectacle lenses in myopic children. Optom Vis Sci. 2010 Jan;87(1):4-9.

Myopie (1)

TOUT SAVOIR AU SUJET DE LA MYOPIE

La myopie est un sujet complexe, tant pas son origine que par son évolution, chez les enfants comme chez les adultes. Nous allons tenter d’éclaircir toutes les notions qui se rapportent à la myopie.

 Explication schématique:

De façon schématique, dans un oeil myope, les rayons de lumière vont se focaliser en avant de la rétine, ce qui cause un embrouillement en vision au loin.

Lorsque la myopie est corrigée avec des lentilles concaves (appelées aussi négatives), les rayons de lumière vont se focaliser au plan de la rétine et la vision est claire.

Mais ceci n’est qu’une explication schématique, et en fait, une nouvelle étude a constaté que la myopie se développe chez les enfants quand le cristallin cesse de s’adapter à  la croissance continue de l’œil, selon des chercheurs à l’Ohio State University College of Optometry.

Le cristallin cesse de s’amincir et de s’aplatir, et perd de sa puissance dans l’année qui précède l’apparition de la myopie comparés aux emmétropes (ni myopes, ni hypermétropes). Ainsi, Le début de myopie se caractérise par une perte brusque des changements compensatoires du cristallin qui continuent chez les emmétropes. Le mécanisme responsable de ce découplage demeure spéculatif.

  • Mutti DO, Mitchell GL, Sinnott LT, et al. Corneal and crystalline lens dimensions before and after myopia onset. Optom Vis Sci. 2012 March;89(3):251-62

Origine de la myopie

Il y a deux théories: la théorie génétique et la théorie environnementale.

La théorie génétique

La théorie génétique affirme que les gens deviennent myopes parce que c’est inscrit dans leur matrice et qu’il n’existe aucune relation entre la myopie et l’utilisation des yeux… L’incidence familiale, selon cette théorie, fait croire que les enfants nées de parents myopes n’auront pas autre choix que de devenir, eux aussi, myopes.

La théorie environnementale

La théorie de l’environnement affirme qu’outre la myopie de naissance (souvent très importante), la myopie est une adaptation possible au «stress visuel»: la scolarisation, les longues heures à lire, à écrire, à dessiner, les heures passées devant un ordinateur, jeux vidéos, la distance de lecture ou d’écriture ou à l’ordinateur, la posture adoptée, etc.

Plusieurs études scientifiques montrent que lorsqu’on compare deux populations présentant des caractéristiques génétiques homogènes (amérindiens, Inuits), la proportion des gens scolarisés qui deviennent myopes est significativement plus élevée. Les optométristes qualifient cette myopie de «myopie scolaire, myopie de stress, ou myopie de travail». On peut même affirmer  qu’aujourd’hui, les enfants deviennent myopes plus jeunes et montrent une myopie qui progresse plus rapidement qu’il y a même une vingtaine d’années!

Aussi, il n’est pas surprenant que les meilleurs lecteurs soient souvent des gens myopes…

Aujourd’hui, même les adultes peuvent devenir myopes suite à une utilisation nouvelle et importante de leurs yeux (le travail devant ordinateur en est un bon exemple). On qualifie ce genre de myopie de «myopie adulte d’apparition tardive».

On prétend souvent que la myopie devrait cesser de progresser avec la puberté… or aujourd’hui il n’en est rien. Ceci était vrai il y a plusieurs décennies quand les gens cessaient de fréquenter l’école vers l’âge de 16 ans et de lire! Aujourd’hui, avec toutes les exigences visuelles auxquelles nos yeux doivent faire face, il arrive souvent que la myopie ne cesse pas de progresser. Il faut donc alors agir promptement.

Une petite proportion de la myopie est clairement de nature familiale et cette myopie apparaît généralement tôt dans les débuts de la vie et est la plupart du temps de quantité importante. Le monde de la génétique l’a bien démontré. Cependant, dans les sociétés économiquement développées, les enfants deviennent myopes durant l’enfance, en particulier pendant les années scolaires.

L’héritage génétique ne peut pas tenir compte les changements de myopie induits par l’environnement. Il y a en fait beaucoup de preuves du changement rapide induit par l’environnement, associé à l’éducation et à l’urbanisation accrues.

Les changements environnementaux semblent être le facteur principal augmentant la prédominance de la myopie autour du monde.

  • Morgan I, Rose K. How genetic is school myopia? Prog Retin Eye Res. 2005 Jan;24(1):1-38.

Il ne faut pas croire qu’on ne peut que pallier à l’embrouillement de loin avec de simples lunettes ou lentilles de contact pour voir de loin et qu’il n’y a rien à faire pour prévenir ou tenter de contrôler la myopie.